La guerre des métaux rares, Guillaume Pitron, éd. Les liens qui libèrent

Il est aujourd’hui un thème, relativement récent, qui fait l’objet de beaucoup d’interrogations et qui pourrait constituer une vulnérabilité des systèmes énergétiques de demain : l’utilisation croissante des métaux rares. Ce livre est bienvenu car il apporte sur ces questions des réponses précises. Mieux, considérant que la transition énergétique et la transition numérique sont indissociables, Guillaume Pitron les considère toutes deux pour analyser leur « face cachée ».
Le livre, agréablement écrit, précise ce que sont ces métaux et leur place croissante dans les nouvelles technologies en soulignant leur présence dans notre environnement, qu’il s’agisse des pots catalytiques, des lampes basse consommation ou des nouveaux matériaux, plus légers et plus robustes, mais aussi des puces électroniques, des fibres optiques ou des écrans LCD. Puis l’auteur nous emmène en Chine, là où est aujourd’hui produite la plus grande partie de ces indispensables métaux : la Chine est le premier producteur de 28 minéraux indispensables avec souvent une situation de quasi-monopole ; les conditions de travail sont accablantes, les conséquences environnementales et sanitaires dramatiques. L’inventaire est précis, les exemples nombreux et documentés, rien n’est oublié, pas même le recyclage ou les matériaux de substitution, quasiment inexistants aujourd’hui pour ces métaux rares. Considérant l’explosion annoncée de ces technologies et l’ensemble de leur cycle de vie, l’auteur alerte sur les conséquences du développement de ces technologies « propres » qui ne le seraient finalement pas tant que cela.
Ce sont, même si le raisonnement est convainquant, des analyses et des résultats à discuter. La suite du livre poursuit la réflexion en intégrant des réflexions industrielles et géopolitiques (le livre est d’ailleurs préfacé par Hubert Védrine) ; l’utilisation des métaux rares est au cœur de certains dispositifs de défense, ce qui ajoute encore une dimension nouvelle au problème. Pour sauver nos transitions énergétique et numérique, des solutions existent : certaines sont « classiques » comme la réouverture de mines dans les pays consommateurs, d’autres un peu moins comme l’exploitation, pour l’instant repoussée, des fonds marins ou de l’espace. Complété par une bibliographie d’ouvrages et de sites et par quelques tableaux de chiffres synthétiques et éclairants, ce livre est une alerte et une contribution utile à un indispensable débat.

 

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