Décarboner la culture, David Irle, Anaïs Rœsch, Samuel Valensi, éd. Presses Universitaires de Grenoble/UGA Éditions

Nombreux sont les réflexions, les études ou les rapports pour décarboner les transports ou l’industrie. Ce petit livre, lui, s’intéresse à la décarbonation de la culture. Et c’est avec une grande rigueur que les auteurs s’attaquent à cet enjeu, une rigueur que l’on aimerait bien voir à l’œuvre sur d’autres secteurs.

Reconnaissant que la culture s’est, par le passé, souvent affranchie des contraintes d’un développement durable (rares sont ceux qui s’intéressent aux conséquences sur la biodiversité d’un festival en termes de bruit ou de lumière), les auteurs s’interrogent ensuite sur la manière dont la récente prise de conscience de limites interfère avec la liberté de la création artistique ou l’utilisation de certaines technologies comme la numérisation de certaines pratiques culturelles. C’est une réflexion subtile sur le « geste artistique » qui est ainsi proposée, geste artistique à replacer dans une culture marquée par la pensée libérale, voire libertaire, et comme telle éloignée de la notion de limite. Elle se prolonge naturellement par une tentative de bilan carbone du secteur culturel français, avec quelques exemples, comme le bilan carbone du musée du Louvre (en scope 3 est-il précisé) ou celui du festival des Vieilles Charrues. La réflexion est structurée et s’appuie sur des travaux reconnus comme ceux du Shift Project. L’analyse est sérieuse et la lecture est aisée, amusante parfois puisque l’on n’a pas oublié les 600  tonnes de CO2 liées à la consommation de 440 000 litres de bière lors du Hellfest en 2019, impact qui aurait été réduit de 25 % si l’on avait choisi une bière locale et biologique !

La dernière partie est consacrée à l’identification de stratégies de décarbonation : on y parle de diagnostics et de normes, de formation, de régulation, de sobriété numérique, d’acceptabilité. La conclusion ? Il faut cultiver « l’art de la décarbonation », évidemment.

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