Éoliennes, pourquoi tant de haine ?,
Cédric Philibert, éd. Les Petits Matins

Cédric Philibert, qui a travaillé longtemps à l’AIE, réussit avec pertinence et pédagogie à réfuter tous les arguments à l’encontre du développement des éoliennes. Il rappelle d’abord que le développement de l’éolien est inéluctable à l’horizon 2050 (scénarios de RTE à l’appui) : 62 GW d’éolien maritime et 74 GW d’éolien terrestre seront nécessaires sans nucléaire neuf pour atteindre le « net zéro émissions de CO2 », qui exige une électrification massive des usages énergétiques. Le nucléaire existant va quasiment disparaître à cet horizon et les incertitudes majeures en termes de coûts et de qualité sur les développements de l’EPR, EPR2 ou SMR (petits réacteurs) laissent aléatoire la part de cette énergie en 2050. Il rappelle que l’éolien est désormais très compétitif ; après avoir été très subventionné, il alimente aujourd’hui les caisses de l’État (30 milliards d’euros en 2022-2023 !).

Certes l’éolien tue quelques oiseaux, bien que les implantations soient calculées pour les éviter, mais sans comparaison avec les pesticides ou… les vitres. Le bruit des éoliennes éloignées de 500 m de la première habitation est de 35 dB (un chuchotage !) et son impact sur les vaches et leur lait est « hautement improbable » (selon l’ANSES).

L’intermittence de l’éolien, complémentaire de celle du solaire (été vs hiver), avec un facteur de charge qui progresse chaque année, peut être largement gérée par les stations de pompage, les batteries à accumulation ou celles des véhicules électriques, l’interconnexion européenne, la gestion de la demande… et ne poserait problème que pour 3 % de la demande totale d’électricité.

Demeure le problème des terres rares largement surévalué selon l’auteur et en partie résolu si l’on développe des mines en Europe. Tout ceci nécessite pourtant, et l’auteur n’est pas forcément très optimiste à ce sujet, une volonté politique forte dont on ne perçoit pas aujourd’hui la dynamique en France où la croissance de l’éolien est beaucoup moins rapide qu’ailleurs et le coût plus élevé du fait de la faible compétitivité de ce secteur et des contraintes administratives.

À lire absolument pour en finir avec les discours polémiques sur l’éolien.

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