L’hydrogène bas carbone est stratégique pour décarboner l’industrie et produire des carburants de synthèse, et l’hydrogène électrolytique est appelé à jouer un rôle de premier plan en Europe, mais son développement y est freiné par des incertitudes sur ses usages et ses coûts futurs. Nous décrivons ces incertitudes et nous expliquons pourquoi l’émergence d’une filière de production nécessite un soutien politique et que des analyses complémentaires sont nécessaires pour penser le dimensionnement et les trajectoires de développement des infrastructures associées. En particulier, si le développement d’un réseau européen de transport d’hydrogène pourrait aider cette émergence, les trajectoires d’investissement doivent être pensées en cohérence avec le développement des usages et du niveau de demande total en hydrogène.

European production of electrolytic hydrogen: moving forward amid the uncertainties

The development of low-carbon hydrogen is essential for decarbonising industry and enabling the production of synthetic fuels. Electrolytic hydrogen is therefore poised to play a leading role in Europe, but its development is hampered by uncertainties about its future uses and costs. The article outlines these uncertainties and explains why the sector can only emerge with the support of governments. However, further analysis is needed to determine the scale and development trajectories of the associated infrastructures. In particular, while the development of a European hydrogen transport network is crucial here, it is also necessary to design investment trajectories in accordance with the growth of hydrogen use and overall demand.

Robin Girard est docteur en mathématiques appliquées de l’université Grenoble 1. Depuis 2008, il travaille comme enseignant chercheur dans le domaine de la transition énergétique à l’École des Mines de Paris, en tant que directeur de recherche au centre PERSEE depuis 2023. Ses travaux concernent la décarbonation dans le secteur de l’industrie, du bâtiment, mais aussi la modélisation des réseaux de transport et de distribution d’électricité, et plus généralement des systèmes multi-énergie. Il a dirigé de nombreux travaux (thèses, projets, articles) sur ces sujets.

Valérie Seguin est ingénieur de l’École centrale de Lyon. Elle est chargée d’études technicoéconomiques
au CEA depuis 2016 et chercheuse à l’institut I-Tésé, l’Institut de recherche et d’études en économie de l’énergie du CEA, depuis 2021. Elle travaille sur le rôle de l’hydrogène bas carbone dans la transition énergétique. Elle est notamment la coordinatrice française du projet ANR franco-allemand CrossHy, mené en partenariat avec DLR et NaTran. Ce projet s’intéresse aux trajectoires possibles de déploiement de l’infrastructure hydrogène en France et en Allemagne.

Bastien Denisart est ingénieur de l’École centrale de Lyon. Après avoir obtenu le MSc Sustainable Energy Futures de l’Imperial College, en rédigeant un mémoire sur la prise de décision en incertitudes profondes, il rejoint l’institut I-Tésé du CEA en 2023. Il y étudie les interactions entre les filières hydrogène et CO2 pour la décarbonation de l’économie, à travers les prismes technico-économiques et réglementaires. Ses travaux portent aujourd’hui principalement sur l’économie des électro-carburants.

Quentin Raillard-Cazanove est postdoctorant au sein de l’Applied Mechanics and Energy Conversion (TME) à KU Leuven. Il est titulaire d’un doctorat en énergie et procédés de Mines Paris-PSL, où ses recherches se sont concentrées sur la modélisation de la décarbonation de l’industrie et son impact sur le système électrique. Ingénieur diplômé des Arts et Métiers, il est également titulaire d’un master en technologie des systèmes d’énergie renouvelable de la Loughborough University. Aujourd’hui, ses travaux visent à explorer les synergies entre les secteurs industriels et le système énergétique dans un contexte de décarbonation.

Bertrand Charmaison est ingénieur diplômé de l’IFP School et titulaire d’un doctorat de l’École d’économie de Toulouse. Il dirige I-Tésé, l’Institut de recherche et d’études en économie de l’énergie du CEA. I-Tésé a pour ambition de développer une vision systémique de l’économie et de la soutenabilité de la transition énergétique vers la neutralité carbone. Pour ce faire, les travaux menés par l’Institut et ses partenaires s’intéressent à l’évolution de la demande et des modes de consommation de l’énergie, aux technologies de production et de stockage d’énergie bas carbone, ainsi qu’à la disponibilité des ressources nécessaires pour mettre en œuvre ces technologies.

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