La conduite du changement climatique : entre contraintes et incitations, sous la direction d’Aurélien Baudu et Juliette Sénéchal, éd. LGDJ

Ce livre a pour objectif de préciser l’apport des sciences sociales à la conduite du changement climatique. La plupart des contributions sont écrites par des universitaires et détaillent comment certaines sciences humaines comme l’économie, le droit, la sociologie ou la science politique peuvent contribuer à la mise en œuvre de politiques climatiques. Si certains chapitres peuvent sembler d’une utilité moins directement opérationnelle, d’autres sont au cœur des préoccupations des acteurs économiques.
Dans la première partie consacrée très largement à des préoccupations juridiques, le premier chapitre traite de la place de l’environnement dans les accords internationaux : très documenté, de la jurisprudence arbitrale à la Cour Internationale de Justice, on suit l’évolution des décisions avec un intérêt particulier pour l’Union européenne. Le chapitre suivant propose l’analyse précise de la manière dont les préoccupations environnementales et climatiques sont intégrées dans le droit français et, un peu plus loin, celle de la notion de responsabilité juridique face à un préjudice environnemental : on y décrit les outils disponibles mais aussi le mouvement de « fondamentalisation » d’un droit de l’environnement. L’exemple de la censure constitutionnelle de la taxe carbone en 2009 est l’occasion d’intégrer les dimensions fiscales et financières. Un chapitre s’intéresse aux responsabilités pénales et civiles face aux préjudices climatiques. La deuxième partie est consacrée à « la place de l’éthique et l’imaginaire ». Ce titre un peu flou cache en fait des chapitres très concrets. Deux d’entre eux sont consacrés aux nudges et à leur application aux enjeux climatiques. Rappelons que la théorie des nudges, développée en 2008 par Thaler et Sunstein, se situe à l’interface de l’économie, de la sociologie et des sciences politiques : son objectif est de pousser les citoyens à prendre les « bonnes » décisions sans coercition. Les deux derniers chapitres traitent d’une part, de la place des ONG, de leurs forces et de leurs faiblesses, et, d’autre part, de la prospective citoyenne, ou l’art de créer des visions partagées favorables à une transition énergétique et sociétale. La conclusion propose des pistes de réflexion pour accroître l’implication des acteurs dans la lutte contre le changement climatique.

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