La croissance verte contre la nature. Critique de l’écologie marchande, Hélène Tordjman, éd. La Découverte

La question de la croissance comme source principale des dysfonctionnements planétaires est au cœur de bien des débats, sur la lutte contre le changement climatique ou la perte de biodiversité. La discussion — l’accusation ? — se réduit bien souvent à une approche arithmétique que l’on peut résumer, pour les émissions de CO2, à un trop rapide : « plus on produit, plus on émet et réciproquement ». Le débat mérite mieux que cela et que l’on soit d’accord ou non avec Hélène Tordjman, maître de conférences en économie, son livre est une base solide de réflexion sur cet enjeu crucial. Les 300 pages, très bien documentées, déroulent la thèse que résume bien le sous-titre du livre, « critique de l’écologie marchande ». En s’appuyant sur des exemples comme celui des agrocarburants ou des brevets dans le domaine des semences, l’autrice montre que la « croissance verte » est en fait toujours le même modèle économique et industriel qui s’applique à des domaines nouveaux avec le soutien d’une « finance prétendue verte­ », dans la cadre de politiques de la même couleur dont le Pacte vert européen est un bel exemple.

À l’opposé, elle plaide pour un modèle économique différent, qui ne soit pas la transposition verte du modèle précédent. Après les agrocarburants et les semences, elle s’intéresse par exemple à la protection de la nature et au rôle des benchmarks ESG (Environmental, Social, and Governance). Dans sa conclusion, elle développe l’exemple de l’agriculture aux niveaux microéconomique, mésoéconomique et macroéconomique. On n’est pas nécessairement convaincu, mais on ne peut que se féliciter qu’un sujet aussi important soit traité de façon cohérente, ce qui peut être la base de l’indispensable débat qui dépasse largement les sciences économiques et pose la question du développement de nos sociétés.

659-Bibliotheque