L’entrée dans l’ère écologique, Edgar Morin, éditions de l’Aube
La lecture de ce petit livre d’Edgar Morin, en partie constitué de textes déjà publiés mais mis en cohérence, est une boussole utile. Rappelant qu’« un demi-siècle s’est écoulé depuis le rapport Meadows », le sociologue met en avant le mouvement initié par « une jeune Scandinave […] suivie par des cohortes d’adolescents […] moquée et discréditée. » Le livre rassemble les réflexions de l’auteur sur l’écologie et l’évolution de la place qu’elle prend dans son œuvre. L’introduction retrace la lente et faible prise de conscience écologique, insistant sur le cloisonnement des disciplines, l’aveuglement croissant et la fracturation du monde. Partant de l’écologie comme discipline scientifique, l’auteur montre comment elle nourrit progressivement la pensée et la prise de conscience. Rapprochant références sociologiques et philosophiques d’une part, dimension planétaire des enjeux écologiques d’autre part, il repose la question du développement, mot qui « doit être entièrement repensé et complexifié ». Un chapitre est consacré à la contribution du sociologue au débat national « Énergie 2003 » : intitulé « De la politique de l’énergie à la politique de civilisation » et écrit dans un style très différent, ce chapitre replace utilement les débats d’aujourd’hui dans une perspective historique. D’autres chapitres développent différents aspects de l’émergence des solidarités et de l’internationalisation. Dans sa conclusion, le sociologue expose « les trois principes d’espérance dans la désespérance » : l’improbable qui s’oppose au probable, c’est-à-dire à ce qui pourrait arriver ; les potentialités humaines, à rapprocher de l’homme générique des réflexions marxiennes ; les possibilités de métamorphose vers un « métasystème, plus riche, plus complexe, capable de traiter [les] problèmes » de la planète.
