La reprise actuelle du marché mondial des réacteurs nucléaires, malgré Fukushima, achève la recomposition de l’industrie nucléaire mondiale entamée depuis le début des années 1990 et le déplacement du centre de gravité de l’électronucléaire vers l’Asie. Le marché se segmente ainsi : les marchés fermés, et trois types de marchés ouverts de niveaux de profitabilité différents: celui des primo-accédants, celui des pays émergents et celui des pays de la zone OCDE. Dans ce nouveau contexte la capacité à offrir l’essentiel du financement aux acheteurs, et celle de monter des consortiums incluant des exploitants sont devenus des avantages importants dans la phase actuelle au détriment de la capacité à proposer des réacteurs de haut niveau de sûreté.

The new competition in the world market for nuclear reactors

The current revival in the world market for nuclear reactors, notwithstanding Fukushima, completes the recomposition of the world’s nuclear industry that started in the early 1990s and which has displaced nuclear power’s centre of gravity towards Asia. In this new context, the capability to provide full-fledged financing for the buyers and to set up consortia that may include the operator have become major advantages at this stage, relegating to a lower order the ability to supply reactors with a high level of safety.

Dominique Finon, directeur de recherche au CNRS, est chercheur au CIRED et membre de la chaire European Electricity Markets (université Paris-Dauphine). Il travaille spécifiquement sur les politiques publiques (dont les politiques nucléaires) et la régulation des industries électriques et gazières. Auparavant, il a dirigé l’Institut d’économie et de politique de l’énergie du CNRS-Grenoble, puis le Laboratoire d’analyse économique des réseaux énergétiques, un GIS du CNRS, de Paris-sud et d’EDF R&D. Il a présidé l’Association des économistes de l’énergie de 2005 à 2008.

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