L’accident de Fukushima repose la question de la viabilité sociale et économique de la technologie nucléaire. Il faudrait arriver à garantir au plan international la sûreté maximale pour éviter tout nouvel accident afin de préserver l’acceptabilité de la technologie. Pour obtenir des infléchissements marqués en matière de standards de conception et d’exploitation et dans les pratiques institutionnelles de contrôle de la sûreté dans tous les pays à option nucléaire, l’idéal serait sans doute de parvenir à la mise en place d’une gouvernance internationale contraignante. Cet article examine les incitations et les conditions pour y parvenir. Les incitations ne semblent pas assez fortes sur les États pour qu’ils délèguent une partie de leur souveraineté dans ce domaine. On est condamné à se contenter d’une gouvernance faible qui combine le rôle actuel de facilitateur de l’AIEA et la pression par les pairs pour les exploitants, les vendeurs et les autorités de sûreté, en observant que, pour chacun, les incitations à la rigueur sont en train d’être renforcées.

Towards world governance binding on nuclear safety: an impossible quest?

The Fukushima accident once again raises the question of the social and economic viability of nuclear technology. On an international basis, maximum safety must be guaranteed to avoid any further accident in order to preserve the acceptability of the technology. To obtain a significant reorientation in standards for the design, operation and institutional practices for control and safety in all countries with nuclear facilities, the ideal would be to succeed in setting up international governance that is binding. This article examines the incentives and conditions to achieve it.

Dominique Finon, directeur de recherche au CNRS, est chercheur au CIRED et membre de la chaire European Electricity Markets (université Paris-Dauphine). Il travaille spécifiquement sur les politiques publiques (dont les politiques nucléaires) et la régulation des industries électriques et gazières. Auparavant, il a dirigé l’Institut d’économie et de politique de l’énergie du CNRS-Grenoble, puis le Laboratoire d’analyse économique des réseaux énergétiques, un GIS du CNRS, de Paris-sud et d’EDF R&D. Il a présidé l’Association des économistes de l’énergie de 2005 à 2008.

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